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Après la guerre de Sécession et l’abolition de l’esclavage en 1865, et que commence, insidieusement, la ségrégation raciale aux Etats-Unis, les Afro-américains ne trouvent guère de travail que chez leurs anciens « maîtres » ou dans « l’industrie » du divertissement. Pouvant, désormais, utiliser des instruments joués, jusqu’à maintenant, uniquement par des blancs, ils vont se réunir en fanfares et se proposer pour diverses célébrations.
De cette nouvelle liberté, le Cake-walk fut l’un des premiers genres à voir le jour avant d’évoluer vers le Ragtime à Saint Louis. Mais, c’est à la Nouvelle-Orléans dans le quartier de Storyville que la grande révolution du Jazz apparaît.
Le premier genre de Jazz fut le New-orleans joué par des musiciens afro-américains. Mais, c’est à un groupe de musiciens blancs que revient le privilège d’entrer dans l’histoire du Jazz en signant le premier enregistrement. Pour l’occasion, on inventa le Dixieland qui est, ni plus ni moins, du New-Orleans... de blanc. Mais, à l’époque, il était, alors, impossible de dire que blancs et noirs jouaient la même musique.
Cake-walk : danse afro-américaine née dans le dernier quart du XIXe siècle. Les noirs américains qui travaillaient en tant que domestique chez les blancs avaient parfois la chance de pouvoir jouer du piano. Certains maitres allaient même jusqu'à donner des cours à certains enfants doués (comme ce fut le cas pour Scott Joplin). Ceux-ci s'amusaient à caricaturer la danse et la polka des blancs, ce qui a donné le Cake-walk. Cette musique n'est pas considérée comme étant du Jazz mais elle est vraiment le trait d'union entre les musiques européennes, les rythmes africains et le Ragtime.
Louis A. Hirsch - Coon In The Moon - enregistré vers 1910 sur rouleau de piano mécanique
Ragtime : Le Ragtime apparaît aux Etats-Unis vers 1895. Il est né d'une évolution des Cakewalks (musique afro-américaine se moquant des danses européennes), des Coon Songs (chansons souvent racistes, chantées par les Blancs pour imiter les Noirs), et de toutes les musiques européennes en vogue à cette époque telles que la Polka, la Mazurka, la Marche et la Valse auxquelles les musiciens afro-américains ajoutaient la syncope (élément sonore accentué sur un temps faible de la mesure, et prolongé sur un temps fort). C'est Thomas Million Turpin qui publia le premier Ragtime, mais c'est Scott Joplin qui en fit une musique très populaire.
Tom Turpin - Harlem Rag - 1897 (enregistrement sur piano mécanique) Thomas Million Turpin (1871, Georgie - 1922) est le premier a publié un titre de Ragtime en 1897 "Harlem Rag". Patron de saloon, de théâtre et de salles de jeux, il lui arrivait de jouer du piano, surélevé à cause de sa taille et son embonpoint. Il publia huit titres durant toute sa carrière d'artiste.
Scott Joplin - Mississippi Rag - 1899 (Créé en 1897 et enregistré sur rouleau de piano mécanique en 1899) Scott Joplin (, est un pianiste et compositeurafro-américain de Ragtime et reste le plus connu. Toute sa famille jouait d'un instrument. En accompagnant sa mère qui travaillait dans une maison de propriétaires blancs, il touche un piano pour la première fois. Son père lui paye des cours de piano chez un professeur allemand qui l'initie à la musique européenne.
Scott Joplin - Maple Leaf Rag - 1916 (Enregistrement original réalisé sur rouleau de piano mécanique. Scott Joplin était atteint de la syphilis, d'où quelques touches approximatives)
Scott Joplin - The Entertainer - 1902 (Créé en 1902, le plus grand succès de Scott Joplin . Enregistré postérieurement sur rouleau de piano mécanique)
James Scott - Frog Legs Rag - créé en 1906 (Enregistré postérieurement sur rouleau de piano mécanique)
New-Orleans (Classic Jazz) : officiellement né en1907, il semblerait que ce genre de Jazz a commencé à être joué dès la fin du XIXe siècle à la Nouvelle Orléans. Le Jazz New-Orleans est le premier genre à part entière du courant jazz. Issu d’une rencontre entre le Ragtime et le Blues, il est né à Storyville, quartier de la Nouvelle-Orléans, à la fin du XIXe siècle. D’abord interprété exclusivement par des Afro-américains dans la rue, il est joué en fanfare avec trompette, trombone, clarinette, tuba, washboard ou percussions. Puis, lorsqu’il pénètre dans les clubs, le banjo, la contrebasse et le piano viennent se rajouter. Le premier enregistrement de Jazz New-Orleans est dû à un orchestre de musiciens blancs en 1917. Mais parce que ce sont des blancs qui jouent, on appelle cela du Jazz Dixieland. Il semblerait que le premier enregistrement de musiciens Jazz afro-américains revienne au clarinettiste Wilbur C. Sweatman (1882 – 1961). Les grands noms du Jazz New-Orleans sont Charles « Buddy » Bolden (1877 – 1931) car il est considéré comme le premier musicien de Jazz ; Louis Armstrong (1901-1971), trompettiste, chanteur, inventeur du scat ; Sidney Bechet (1897-1959), clarinettiste, saxophoniste.
Wilbur Sweatmans Original Jazz Band - Bluin´ The Blues - 1918 L'enregistrement du premier Jazz afro-américain a été effectué 2 mois après celui du Original Jazz Band Dixieland (musiciens blancs).
Spike's Seven Pods of Pepper Orchestra - Ory's Creole Trombone - 1921 Titre considéré par d'autres comme le premier enregistrement Jazz New-orleans joué par des musiciens afro-américains.
Kid Ory - Ory's Creole Trombone - 1922 (Considéré comme le premier enregistrement de Jazz New-Orleans)
King Oliver's Creole Jazz Band - Dipper Mouth Blues - 1923 (Considéré, lui aussi, comme le premier enregistrement de Jazz New-Orleans)
Fletcher Henderson's Orchestra, Louis Armstrong - Mandy Make Up Your Mind - 1924
Dixieland : comble de l'histoire, c'est à un orchestre de musiciens blancs qu'est revenu l'honneur de signer le premier enregistrement de Jazz. Dans les années 1910, il n'existait pas plusieurs genres de Jazz. Il n'existait qu'un genre, celui joué à la Nouvelle Orléans. Ce sont des musicologues qui ont baptisé ce premier genre. Mais, ils ont voulu différencier le Jazz des blancs, le Dixieland, du Jazz des Afros-américains, le New-Orleans. Le groupe avait choisi d'inclure le terme "Dixieland" dans son nom afin de faire référence à la musique du sud (le terme "dixie" indiquait le sud). Que des musicologues choisissent deux termes différents pour nommer une même musique serait, peut-être, une volonté de donner une référence au sud escalvagiste pour le Dixieland, la musique des usurpateurs, tandis que le New-Orleans serait celui correspondant au Jazz des origines.
Original Dixieland Jass Band - Livery Stable Blues - 1917 - premier enregistrement d'une musique Jazz. Quintette américain formé de musiciens Blancs dirigé par le cornettiste Nick La Rocca. Les autres membres : Larry Shields (clarinette), Eddie Edwards (trombone), Henry Ragas (piano) et Tony Sbarbaro (batterie).Il se forma à Chicago en 1916, enregistra à New-York et fit carrière en Angleterre jusqu'en 1925, année qui fut marquée par la dissolution du groupe. En 1936, quatre d'entre eux reformèrent le groupe. Ce fut un échec. Puis, Tony Sbarbaro reforma une nouvelle fois le groupe avec d'autres musiciens sans trouver le succès. Il reste que ce groupe, sans grand talent reconnu, a été celui par qui le Jazz fut popularisé.